Connaissez-vous la “théologie à genoux” ?

Source: FSSPX Actualités

L'Université pontificale grégorienne

Le 1er novembre 2023, le pape François a publié un Motu proprio « pour promouvoir la théologie », Ad theologiam promovendam. Car, selon lui, la théologie « ne peut se limiter à reproposer abstraitement des formules et des schémas du passé ».

A ses yeux, une Eglise synodale « en sortie » réclame une théologie elle-même « en sortie », apte à « interpréter prophétiquement le présent », et à discerner « de nouvelles voies pour l’avenir ». Elle doit « accompagner » les profondes transformations que provoque le « changement d’époque » en cours.

Cette « ouverture au monde » doit entraîner une « refonte épistémologique et méthodologique » de la théologie, et amener à un « changement de paradigme ». Autrement dit, la nouvelle théologie doit s’aligner sur le monde présent, tant sur le fond que sur la forme, adoptant ses idées et son vocabulaire.

Le pape demande aux théologiens « de lire et d’interpréter l’Evangile dans les conditions où les hommes et les femmes vivent quotidiennement ». En cultivant ce « discernement des “signes des temps” », la nouvelle théologie doit pouvoir prôner une culture de dialogue, se « confrontant ouvertement à tous, croyants et non-croyants ».

Le danger pour la théologie est de se laisser « enfermer dans l’autoréférentialité, qui conduit à l’isolement et à l’insignifiance », affirme François. Il faut qu’elle s’approprie « de nouvelles catégories élaborées par d’autres savoirs, afin de pénétrer et de communiquer les vérités de la foi et de transmettre l’enseignement de Jésus dans les langages d’aujourd’hui, avec originalité et conscience critique ». – Ici, malgré quelques précautions rhétoriques destinées à rassurer les naïfs, on passe bel et bien de l’alignement à l’aplatissement devant la modernité.

Dix jours avant ce Motu proprio, le 21 octobre, au cours du synode sur la synodalité, Mgr Franz-Josef Overbeck, évêque d’Essen (Allemagne), activiste militant du Chemin synodal allemand, avait déclaré que les « signes des temps » devaient donner le la à l’Eglise.

Il allait jusqu’à affirmer : « Si la théologie, le magistère ou la tradition persistent dans la contradiction avec les signes des temps », s’ils sont « inconciliables » avec ces signes, « ils ne convaincront personne et ne seront même pas capables de donner une orientation aux catholiques ». Et de reconnaître qu’il s’agissait bien, pour lui, de mettre de côté la tradition apostolique.

Voilà qui éclaire dans Ad theologiam promovendam, ce que le pape entend par l’expression « théologie à genoux ». Il l’avait déjà employée, lorsqu’il saluait le rapport introductif du cardinal Walter Kasper, au consistoire qui précédait le synode sur la famille, en 2014. Le prélat allemand appelait alors de ses vœux un véritable « changement du paradigme », en particulier au sujet de l’accès à la communion des divorcés civilement remariés.

Au fond, cette nouvelle théologie n’est pas à genoux par piété. Elle est servilement à genoux devant toutes les aspirations du monde moderne, aspirations hâtivement baptisées « signes des temps ». C’est une théologie alignée sur la pensée dominante qui prône l’indépendance de l’homme, son autonomie face à la loi naturelle et surnaturelle.

Il est à craindre qu’une telle théologie, pliant sans cesse le genou devant les idéologies actuelles, ne devienne très vite une « théologie sur les genoux », incapable de se tenir debout doctrinalement.

Abbé Alain Lorans