Chine : le contrôle des catholiques sous prétexte d’inculturation

Source: FSSPX Actualités

Sacres épiscopaux dans l’Eglise chinoise

Le nouveau plan quinquennal pour la sinisation du catholicisme a été approuvé le 14 décembre 2023 et imposé aux organismes « catholiques » sous contrôle du Parti communiste chinois (PCC), par l’intermédiaire du Front uni, le bureau spécial du PCC qui régit la vie religieuse du pays. Un document similaire a été publié le 19 décembre pour les églises protestantes.

L’année 2024, selon ce qui est connu de l’accord secret entre la Chine et le Vatican, devrait être décisive. Signé la première fois en 2018 pour deux années, cet accord a été renouvelé deux fois pour la même période, mais il est prévu qu’il doit être définitivement ratifié cette année ou abandonné.

Après un commencement marqué par une violation patente de l’accord du côté chinois, finalement acceptée par Rome, 2023 a vu trois nominations d’évêques « normalisées ». Cependant, personne ne sait le détail des critères qui guident le gouvernement dans le choix des évêques. De plus, ni le Pape, ni l’accord ne sont mentionnés, en Chine, lors de l’annonce des nominations.

Le nouveau Plan quinquennal pour la sinisation du catholicisme en Chine (2023-2027)

Ce plan, explique Asianews, « très détaillé et articulé en quatre parties et 33 paragraphes, a été approuvé le 14 décembre 2023 par l’organisme officiel qui réunit la Conférence des évêques catholiques – non reconnue par le Saint-Siège – et l’Association patriotique des catholiques chinois (APCC) » toutes deux soumises au PCC.

Ce plan quinquennal ne mentionne jamais le pape et le Saint-Siège, ni l’accord conclu entre le Vatican et la Chine. Mais Xi Jinping est mentionné quatre fois ; cinq fois, il est dit que le catholicisme doit prendre des « caractéristiques chinoises ». Quant au mot « sinisation » il est omniprésent : il apparaît pas moins de 53 fois.

Le langage est usuel : « Il est nécessaire d’intensifier la recherche pour donner un fondement théologique à la sinisation du catholicisme, d’améliorer continuellement le système de pensée théologique sinisée, de construire une base théorique solide pour la sinisation du catholicisme, de sorte qu’elle se manifeste constamment avec des caractéristiques chinoises. »

Le P. Gianni Criveller, qui écrit pour Asianews, note « le caractère péremptoire du langage » et s’étonne : « comme s’il n’y avait pas eu de rapprochement avec le Saint-Siège, comme si la reconnaissance par le pape de tous les évêques chinois n’avait servi à rien, comme s’il n’y avait pas eu d’accord entre le Saint-Siège et la Chine ». Mais est-ce vraiment étonnant de la part du PCC ?

Il ajoute son étonnement consterné « par le projet de donner un fondement théologique à la sinisation ». Cependant il ne faudrait pas « la considérer comme une étape du processus ecclésial légitime d’inculturation (…) car il n’y a pas ici de croyants qui cherchent librement un dialogue vertueux entre la foi catholique et leurs propres appartenances culturelles ».

Mais au contraire : « Il s’agit plutôt de l’imposition, par un régime autoritaire, de l’adaptation de la pratique de la foi à la politique religieuse établie par les autorités politiques ». Encore une fois, comment cela pourrait-il être autrement avec un parti communiste enfoncé plus que jamais dans une doctrine athéiste et manipulatrice ?

Le P. Criveller conclut son article : « Ce que nous trouvons inacceptable, c’est que le contrôle des autorités politiques sur les croyants catholiques – un contrôle que l’on voudrait faire passer pour une sinisation – soit justifié de manière commode et ambiguë au nom de l’inculturation de l’Evangile. » C’est négliger la capacité des membres de l’APCC à mêler « théologie » et dialectique.

La question reste ouverte : le PCC se satisfera-t-il des percées opérées grâce à l’accord, et refusera-t-il de le renouveler, ou bien voudra-t-il continuer son travail de sape à travers lui et le nouveau plan quinquennal ? La réponse sera connue au mois d’octobre prochain.